Se former, c’est souvent choisir de bouleverser sa trajectoire professionnelle. Mais la question du financement, elle, s’invite sans attendre et peut vite refroidir les élans. Entre aides publiques, dispositifs privés et critères parfois opaques, trouver la bonne porte d’entrée relève parfois du casse-tête. Pour celles et ceux qui envisagent une reconversion ou cherchent à monter en compétence, il devient indispensable de savoir qui solliciter pour obtenir un vrai coup de pouce financier.
Entreprises, collectivités régionales et État mettent en place une multitude de solutions pour alléger le coût de la formation. Mais chaque dispositif a ses propres règles et il faut en saisir les contours pour maximiser ses chances de décrocher le financement qui convient à son projet.
Les dispositifs publics de financement de la formation
En France, la formation professionnelle bénéficie de plusieurs dispositifs publics, chacun avec ses spécificités. France Travail, le nouveau nom de Pôle Emploi, occupe une place centrale dans ce paysage, en partenariat avec les Conseils régionaux. Ces organismes offrent diverses aides aux personnes en recherche d’emploi.
Les aides proposées par France Travail
Pour y voir plus clair, voici les principaux dispositifs gérés par France Travail pour soutenir les candidats à la formation :
- Aide individuelle à la formation (AIF) : un soutien financier pour les demandeurs d’emploi souhaitant suivre une formation qualifiante ou certifiante.
- Allocation d’aide au retour à l’emploi-formation (ARE-F) : maintien de l’allocation chômage pendant la durée de la formation.
- Préparation opérationnelle à l’emploi individuelle (POEI) : dispositif permettant de former un demandeur d’emploi avant son embauche pour un poste précis.
Les actions concertées avec les Conseils régionaux
Les Conseils régionaux s’impliquent aussi dans le financement des parcours de formation. Ils peuvent mobiliser le dispositif Mon compte formation pour compléter l’aide déjà allouée et chaque région définit ses propres priorités et critères d’attribution. Résultat : des aides variées, ajustées aux besoins économiques locaux.
Les autres dispositifs publics
France Travail propose également des soutiens financiers pour boucler le budget d’une formation, notamment via des projets personnalisés d’accès à l’emploi. Autre levier : la validation des acquis de l’expérience (VAE), qui permet de faire reconnaître son expertise et d’obtenir un diplôme, souvent avec un accompagnement financier à la clé.
Les financements par l’employeur et les OPCO
Côté entreprise, la participation au financement de la formation des salariés est une obligation. Cela passe par le plan de développement des compétences, qui rassemble toutes les actions de formation destinées à maintenir l’employabilité et à anticiper les mutations technologiques ou économiques.
Les OPérateurs de COmpétences (OPCO) accompagnent particulièrement les petites et moyennes entreprises dans la gestion des formations : montage des dossiers, suivi administratif, gestion des fonds. Les OPCO peuvent aussi compléter le Compte Personnel de Formation (CPF) des salariés pour permettre la prise en charge intégrale d’un parcours.
Voici les principales solutions proposées par les OPCO :
- Actions collectives : des sessions de formation mutualisées, ciblées sur certains métiers ou secteurs.
- Contrats de professionnalisation : alternance entre théorie et pratique en entreprise, avec une prise en charge partielle par les OPCO.
En plus, le dispositif Pro-A permet aux salariés de changer de métier ou d’évoluer par le biais de l’alternance, avec l’appui financier des OPCO. Ce mécanisme facilite la reconversion ou la montée en qualification tout en restant en poste.
Le Compte Personnel de Formation (CPF) et autres comptes personnels
Le Compte Personnel de Formation (CPF) est un outil phare pour financer sa formation tout au long de sa carrière, y compris pendant les périodes de chômage. Chaque actif dispose d’un compte alimenté en euros, utilisable pour choisir et financer des formations certifiantes ou diplômantes.
Fonctionnement du CPF
Pour mieux comprendre comment fonctionne le CPF, quelques points clés :
- Les heures de formation obtenues avant 2015 ont été transformées en euros.
- Chaque année, le compte est alimenté selon l’activité professionnelle de la personne.
Au-delà du CPF, d’autres comptes personnels peuvent également intervenir dans le financement :
- Compte professionnel de prévention (C2P) : il permet aux salariés exposés à des risques au travail de financer des formations pour évoluer vers un poste moins pénible.
- Compte d’engagement citoyen (CEC) : il recense les actions bénévoles ou de volontariat et crédite des droits formation supplémentaires.
- Compte personnel d’activité (CPA) : il regroupe CPF, C2P et CEC pour offrir une vision globale des droits acquis tout au long de la vie professionnelle.
L’ensemble de ces droits se gère sur la plateforme Mon compte formation, accessible à tous les actifs. Il devient alors possible de vérifier ses droits en quelques clics, de rechercher une formation éligible ou de constituer un dossier de financement sans intermédiaire. Le CPF, enrichi des autres comptes personnels, offre une souplesse précieuse pour coller aux besoins du marché du travail, encourager l’engagement associatif ou prévenir l’usure professionnelle.
Les aides spécifiques pour les travailleurs indépendants et les demandeurs d’emploi
Pour les demandeurs d’emploi et les indépendants, plusieurs dispositifs spécifiques existent pour soutenir leur accès à la formation. France Travail (anciennement Pôle Emploi) demeure un interlocuteur de référence pour accompagner et financer les parcours de formation de ces publics.
Parmi les aides mobilisables, l’Aide Individuelle à la Formation (AIF) prend en charge tout ou partie du coût d’une formation jugée nécessaire à un retour à l’emploi ou à la création d’activité. Cette aide est réservée aux inscrits chez France Travail. Par ailleurs, l’ARE-F (allocation d’aide au retour à l’emploi-formation) garantit une rémunération pendant la période de formation, pour éviter la double peine financière.
Les personnes en situation de handicap peuvent solliciter l’AGEFIPH (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées) qui abonde le CPF. De son côté, la CPAM (Caisse Primaire d’Assurance Maladie) peut accorder un complément pour celles et ceux touchés par un accident du travail ou une maladie professionnelle.
Les Conseils régionaux interviennent aussi, notamment via l’Action de Formation Conventionnée (AFC). Ce dispositif cible en priorité les demandeurs d’emploi et vise à répondre aux besoins des entreprises du territoire.
La Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (POEI) permet de former un demandeur d’emploi pour un poste précis, à la demande d’un employeur, avec un financement assuré par France Travail.
En somme, ces solutions multiples s’articulent pour offrir un véritable tremplin à celles et ceux qui souhaitent rebondir, se reconvertir ou simplement ne pas rester sur le bord de la route. Face à la diversité des situations, il existe aujourd’hui un arsenal de dispositifs pour prendre en main sa trajectoire professionnelle, même quand les moyens font défaut.


