Le chiffre est là, brut, presque provocateur : dans certains métiers dont le nom commence par un B, moins de 30 % de femmes franchissent le seuil. Pendant que la parité avance dans d’autres pans de l’économie, ces professions semblent camper sur leurs bastions. Mais l’histoire ne s’arrête pas à ces statistiques. Dans la biologie ou la banque, les femmes forment parfois la majorité… sans pour autant accéder, avec la même aisance, aux postes à responsabilité.
Les trajectoires féminines, dans ces secteurs, ressemblent souvent à un parcours d’obstacles : mobilité accrue, chemins de traverse, réseaux verrouillés. Les politiques d’égalité posent des jalons mais, sur le terrain, les écarts de salaire ne s’effacent pas d’un claquement de doigt.
Plan de l'article
Où en sont les femmes dans les métiers en B aujourd’hui ?
Si l’on explore les métiers commençant par la lettre B, on découvre un paysage en clair-obscur. Le BTP, par exemple, ne compte que 12 % de femmes parmi ses salariés, toutes branches confondues. Celles qui y travaillent se concentrent majoritairement dans les fonctions administratives. Les ateliers, les chantiers et les postes techniques restent des territoires où la mixité peine à s’implanter. Plusieurs facteurs expliquent ce déséquilibre : ambiance masculine dominante, absence de modèles féminins en technique, réseaux de cooptation peu perméables.
À l’inverse, dans les domaines du soin et de l’éducation, la présence féminine est massive. Les métiers du care affichent plus de 80 % de femmes, tandis que l’enseignement primaire approche les 70 % d’enseignantes. Cette forte représentation pose la question de la reconnaissance de ces professions, souvent mal rémunérées et peu mises en avant, malgré leur impact social évident.
Du côté du tertiaire, la mixité progresse discrètement. Pourtant, dès qu’il s’agit d’accéder à des postes de direction ou à des fonctions stratégiques, les hommes reprennent l’avantage, surtout dans la banque, la finance et l’ingénierie. Et dans le secteur technologique, la réalité est encore plus marquée : moins de 30 % de femmes dans les métiers techniques, un chiffre qui tombe à 15 % en informatique. Les stéréotypes de genre persistent, ralentissant l’entrée et l’évolution des femmes dans ces secteurs qui dessinent l’économie de demain.
Quels freins persistent malgré les évolutions du secteur ?
La progression des femmes vers les postes à responsabilité se heurte toujours à un plafond de verre bien réel. Dans le BTP, l’industrie ou la tech, les exemples de femmes à la tête d’une direction se comptent sur les doigts d’une main. Les réseaux où tout se joue restent majoritairement masculins. Quant à la culture d’entreprise, elle valorise la disponibilité sans faille, un modèle peu compatible avec la parentalité.
Les écarts de rémunération, eux, ne s’effacent pas si facilement. À poste égal, l’écart moyen entre hommes et femmes en France tourne encore autour de 15 %. Ce différentiel s’explique en partie par la forte présence des femmes dans les métiers les moins valorisés, mais aussi par des pratiques salariales qui peinent à se réformer.
Voici quelques obstacles qui freinent toujours l’égalité réelle :
- Stéréotypes de genre et préjugés nourris dès l’enfance
- Charge mentale élevée et dispositifs de congé parental peu flexibles
- Absence de modèles féminins visibles et manque d’infrastructures adaptées
L’orientation scolaire alimente ces inégalités : les métiers techniques restent mal connus des jeunes filles, faute d’information et d’exemples concrets. L’absence de communication ciblée et la rareté des rôles modèles freinent la création de vocations. Au quotidien, la charge mentale pèse lourd sur les femmes, qui doivent composer entre ambition professionnelle et gestion du foyer. Ce poids invisible ralentit leur progression.
Sur le terrain, l’organisation du travail laisse encore à désirer. Les équipements et les infrastructures, rarement pensés pour tous, compliquent l’installation durable des femmes dans certains milieux. Ajoutez à cela des préjugés tenaces, une misogynie rampante et une rigidité sur la parentalité, et le tableau de la mixité professionnelle se complique.
Portraits et voix de femmes qui font bouger les lignes
À seulement trente ans, Agathe Monpays pilote Leroy Merlin France. Son parcours dans l’univers du BTP force le respect, moins pour la collection de titres que pour sa capacité à imposer la mixité professionnelle dans un secteur où elle peine encore à s’ancrer. À ses côtés, Sarah, chef de chantier, partage son expérience : « On ne s’habitue jamais vraiment aux regards, mais on apprend à les défier. » Ces trajectoires témoignent d’une réalité complexe, où le leadership féminin s’affirme malgré vents et marées.
Dans l’industrie, autrefois chasse gardée des hommes, émergent des personnalités comme Mary Barra, à la tête de General Motors, ou Sheryl Sandberg, passée par la direction des opérations de Facebook. Ces dirigeantes prouvent que la représentation féminine peut s’imposer même dans les milieux les plus fermés. Leurs parcours, régulièrement cités lors de conférences ou de formations, inspirent les générations montantes.
Sur le terrain, d’autres figures s’illustrent : Delphine, ingénieure en génie civil, ou Lucie, technicienne en maintenance. Toutes soulignent les mêmes obstacles : déficit de modèles, stéréotypes persistants. Mais elles insistent sur la force du collectif : « On avance ensemble, l’entraide fait la différence. »
Leur engagement trouve un écho particulier dans la distinction Nobel attribuée à Claudia Goldin. Ses recherches sur les écarts de salaire et l’égalité professionnelle remettent en lumière la ténacité de ces femmes, qui luttent chaque jour entre invisibilité et détermination.
Des leviers concrets pour ouvrir de nouvelles perspectives
Les actions pour favoriser la mixité professionnelle dans les métiers en B se multiplient et se structurent. Dans le BTP, la signature de chartes de la mixité marque un engagement collectif : on sensibilise les équipes, on adapte les locaux, on valorise les métiers techniques auprès du public féminin.
Chez Eiffage, le Label Diversité AFNOR s’accompagne de partenariats forts avec France Travail, Capital Filles ou Elles bougent. L’idée : encourager les talents féminins à tous les niveaux, de l’apprentissage aux postes de direction. Au sein de la CCCA-BTP, le mentorat et la formation prennent de l’ampleur, avec des dispositifs comme « Opération Plurielles » qui s’adressent directement aux apprenties tentées par le BTP.
Différents leviers sont mobilisés pour transformer la dynamique :
- Lancement de programmes de mentorat et de formations dédiées
- Obtention de labels valorisant l’égalité et la diversité
- Actions d’information et de sensibilisation auprès des collégiennes
- Mise en avant des métiers techniques lors d’événements comme la Journée internationale des droits des femmes
La CAPEB, avec « Bâtir la Mixité », s’emploie à casser les stéréotypes et à stimuler la prise de responsabilités féminines. La Bâtisse met en avant des formations ciblées, tandis que BatiFemmes mise sur la visibilité des parcours féminins. Ce sont ces impulsions, portées par une énergie collective, qui dessinent de nouveaux horizons pour la représentation des femmes dans les métiers en B.
À mesure que s’affinent les stratégies et que se multiplient les exemples, une question s’invite : de quelles nouvelles trajectoires s’inspireront les prochaines générations pour transformer le visage des métiers en B ?